Caroline Moisan

Candidate au doctorat en psychologie

Titre du projet:

L’ambivalence comme facteur associé aux grossesses à l’adolescence chez les Inuits du Nunavik.

Résumé du projet:

Les grossesses à l’adolescence entrainent de nombreuses conséquences sociales et de santé en population générale (1). La mère adolescente présente un risque plus élevé de vivre des complications pré et postnatales et son enfant est plus à risque d’être victime de mortalité durant l’enfance et d’abandonner l’école à long terme (Azevedo, Diniz, Fonseca, Azevedo, & Evangelista, 2015; Jeha, Usta, Ghulmiyyah, & Nassar, 2015). Bien qu’on observe une baisse des taux de grossesses à l’adolescence dans les dernières décennies au Nunavik (région nordique du Québec), celles-ci sont toujours considérées comme un enjeu de santé publique puisque près d’une adolescente sur trois vit une grossesse entre 14 et 19 ans (Duhaime, Caron et al. 2015). Malgré ce taux élevé et les conséquences associées, aucune étude n’a documenté les facteurs associés à la survenue d’une grossesse à l’adolescence chez les Inuit. À visée exploratoire, cette thèse se penche sur des facteurs de risque individuels de type sociodémographique, comportemental, et de santé mentale, bien documentés en population générale, tels que le niveau d’éducation, la consommation de substances et la dépression. Elle vise également un facteur socioculturel susceptible de contribuer à la survenue des grossesses à l’adolescence chez les Inuit, soit les bénéfices perçus d’une grossesse. L’étude d’Archibald (2004) met d’ailleurs en lumière l’importance de considérer les spécificités de la culture inuite dans l’étude des grossesses à l’adolescence, notamment la place et le rôle accordés à la mère et l’enfant et l’approbation sociale de la grossesse (Bombay, Matheson et al. 2011, Duhaime, Caron et al. 2015, Hackett, Feeny et al. 2016). Cette même étude, menée au Nunavik et au Nunavut, relate aussi que l’attitude indifférente des adolescents vis-à-vis de la grossesse contribue à la survenue d’une grossesse dans cette population. L’importance de mieux comprendre les attitudes vis-à-vis de la grossesse a été soulignée par plusieurs études en population générale (Broekner and Hillard 2009; Jaccard, Dodge, and Dittus 2003; Miller, Barber, and Gatny 2013; Rosengard et al. 2004). L’ambivalence s’avère être une attitude centrale dans l’étude de la grossesse à l’adolescence puisqu’elle a été associée à maintes reprises à l’irrégularité d’utilisation de contraceptifs (Miller, Barber et al. 2013, Moreau, Hall et al. 2013) et à la survenue d’une grossesse (Jaccard, Dodge, & Dittus, 2003a; Miller et al., 2013; Rosengard et al., 2004). Dans le cadre d’une étude longitudinale réalisée aux États-Unis, les participantes de 3e, 4e et 5e secondaire présentant de l’ambivalence face à la grossesse ont rapporté entre 3% et 10% plus de grossesses dans les douze mois suivants l’étude comparativement aux jeunes filles ayant une attitude défavorable (Jaccard et al., 2003). Non seulement l’ambivalence est associée à une augmentation du risque de grossesse, mais cette attitude est particulièrement fréquente chez les jeunes adultes : 45% des jeunes hommes et femmes américains âgés entre 18 et 29 ans sont ambivalents face à la grossesse (Higgins et al. 2012). Malgré sa pertinence dans le domaine de la santé reproductive chez les adolescents, l’ambivalence face à la grossesse n’a jamais été étudiée dans la population inuite jusqu’à maintenant. Cette thèse vise donc à documenter les attitudes face à la grossesse chez les jeunes femmes inuites âgées de 16 à 20 ans du Nunavik, principalement l’ambivalence telle qu’attendue chez les jeunes de cet âge, en parallèle aux facteurs socioculturels et ceux rapportés en population générale associés à la grossesse à l’adolescence. (1) Dans le cadre de la thèse, le terme « générale » renvoie à la culture occidentale nord-américaine et européenne, majoritairement non-autochtone.

Bourse(s):

  • Bourse de fin de rédaction (2018)

Attribution des bourses et de la subvention à la mobilité Louis-Edmond-Hamelin pour l'année 2023-2024

Bourse d’excellence
La bourse d’excellence a été attribuée à Mme Geneviève Vachon, candidate à la maîtrise en santé publique. Mme Vachon s’intéresse aux interventions de santé publique relatives à l’alimentation et à la sécurité alimentaire au Nunavik. Elle est co-dirigée par M. Christopher Fletcher et Mme Mélanie Lemire.

Bourse de fin de rédaction
La bourse de fin de rédaction a été attribuée à Mme Adèle Clapperton-Richard, candidate au doctorat en sciences géographiques. Le projet de Mme Clapperton-Richard porte sur les changements territoriaux, sociaux et culturels sur le Nitassinan (le territoire ancestral) de Pessamit résultant des développements industriels. Elle est co-dirigée par Mme Caroline Desbiens et Mme Justine Gagnon.

Subvention à la mobilité
La subvention à la mobilité a été attribuée à Mme Flora Mutti, candidate au doctorat en anthropologie. Mme Mutti propose une analyse des relations sociales et cosmologiques entre les femmes atikamekw nehirowisiwok et Tapiskwan Sipi (la rivière Saint-Maurice) et son vaste bassin hydrographique dans le contexte du colonialisme de peuplement. Elle est dirigée par Mme Sylvie Poirier.


Boursier | Chaire de recherche du Canada sur la condition autochtone comparée

DU NOUVEAU BIENTÔT

Le site de la Chaire Louis-Edmond-Hamelin est en reconstruction. La nouvelle version intégrera l'ensemble des activités de la Chaire de recherche du Canada sur la condition autochtone comparée. D'ici à ce que la refonte soit complétée, le site internet des deux chaires demeurent en opération.
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